Enfants (parents?) terribles,  Uncategorized

Clara, 4 ans, hyperactive ou hyperstimulée?

“Je ne sais plus comment faire. Clara dort très peu. Elle se réveille souvent la nuit et ne veut dormir qu’avec nous. Elle bouge tout le temps, elle saute, court, grimpe sur tout. On se demande si elle ne serait pas hyperactive… mais elle n’a que 4 ans. On est à bout.”

Témoignage d’Audrey, la maman de Clara

Ce message me touche, parce que derrière les mots, on sent l’épuisement, l’incompréhension… mais aussi beaucoup d’amour, et parfois un peu de culpabilité.

Dans le cas de Clara, il y a un mot qui me vient immédiatement : trop.

Clara est une petite fille de 4 ans. Et pourtant, ses journées ressemblent à celles d’un cadre supérieur. Elle est à l’école de 8h à 18h. Le mercredi, elle a cours d’anglais, de natation. Elle parle déjà trois langues. Elle est brillante, oui… mais elle est surtout hyperstimulée.

Ce n’est pas un manque d’éducation ou d’attention. C’est souvent l’inverse. Ces parents veulent bien faire. Ils veulent qu’elle ait toutes les chances, qu’elle apprenne, qu’elle développe tout son potentiel.

Mais Clara n’a que 4 ans et elle a besoin de souffler.

Le calme est aussi éducatif que l’activité. Nous devons accepter qu’un enfant se développe à son rythme, pas au nôtre, ni à celui qu’on imagine bon pour lui. Ce rythme, il n’est pas toujours linéaire, ni toujours visible. Il avance parfois par bonds… et parfois, il s’arrête. Et c’est normal.

Les phases d’apprentissage ne peuvent exister sans phases de récupération. C’est un peu comme la respiration : il faut une inspiration et une expiration. On ne peut pas grandir en continu sans jamais souffler. Apprendre, c’est intense. Cela mobilise le corps, le cerveau, les émotions. Il faut du temps pour digérer, intégrer, se poser.

On oublie parfois que le calme est aussi éducatif que l’activité. Regarder les feuilles tomber, jouer sans consigne, ne rien faire, c’est aussi apprendre. C’est apprendre à sentir, à s’écouter, à rêver, à se réguler.

Un enfant qui “ne fait rien” est souvent en train de faire beaucoup intérieurement.

Il n’y a pas d’urgence à tout maîtriser, à tout comprendre, à être en avance. Il y a une urgence à respecter les espaces vides, les silences, les temps mous. Ce sont eux qui permettent au reste de prendre sens.

Dormir avec ses parents à 4 ans, ce n’est pas une pathologie, c’est souvent un appel. Il est parfois urgent de ralentir, même si votre carrière vous semble incompatible avec cela. Ce n’est pas un jugement. C’est une invitation à écouter autrement. Clara ne parle peut-être pas encore de son angoisse, mais elle vous la montre. Elle a besoin de vous, de votre présence. Elle a besoin qu’on lui raconte des histoires. Pas seulement pour s’endormir. Aussi pendant la journée, des moments tranquilles qui vont lui permettre de se laisser aller.

Ce que j’aimerais dire à beaucoup de parents, c’est que grandir n’a pas besoin de bruit ni de programme.
Parfois, il suffit d’un peu de vide, d’un peu de présence, et d’une confiance tranquille : tout se mettra en place.
À son rythme.

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